Le 12 janvier 2012

Le bonheur est-il dans le pré ?

En trente ans, la campagne s’est repeuplée, avec, à la clé, quelques opportunités d’investissement. Les explications de Philippe Perrier-Cornet, auteur de Repenser les campagnes.

Depuis 1990, chaque année environ 400 000 Français quittent la ville pour s’installer à la campagne, dans des zones rurales périurbaines ou plus éloignées des villes. Aujourd’hui, près de 40 % de la population française réside en dehors des pôles urbains et la croissance démographique est plus importante à la campagne qu’en ville.



De nouveaux modes de vie
Ce repeuplement est dû
- au phénomène d’étalement urbain. De jeunes couples avec des enfants se sont installés en périphérie des villes, puis on a construit de plus en plus loin à mesure que les prix de l’immobilier augmentaient et que le cadre de vie prenait une importance grandissante.
- au développement des résidences secondaires, favorisé par les nouveaux modes de vie (RTT, retour à la nature, développement d’Internet permettant de travailler à distance…). Elles représentent 10 à 20 % des habitations en zones rurales et jusqu’à la moitié dans de nombreux cantons de départements ruraux comme la Lozère.
- à l’arrivée croissante de retraités – français et étrangers. Ils comptent pour 10 à 15 % des nouveaux habitants des campagnes.



Une économie en mouvement
Cette nouvelle donne démographique modifie profondément l’espace rural – et son économie – qui n’est plus, comme autrefois, marqué par son seul aspect productif : agriculture, exploitation des forêts… Les agriculteurs doivent donc composer avec ces nouvelles populations qui ont des attentes différentes en termes de services. La majorité des emplois ruraux répond désormais à l’économie résidentielle : commerce, transport, éducation, santé…
Cette mutation et cette diversification du tissu économique des espaces ruraux offrent des opportunités d’investissements, liés à la construction immobilière, au tourisme rural, au développement des produits agricoles bio, aux équipements de santé, aux commerces, à l’exploitation de la forêt
Ces investissements peuvent notamment intervenir dans le cadre des pôles d’excellence rurale. Créé en 2006, ce dispositif est à la campagne ce que les pôles de compétitivité sont à la recherche et à l’industrie. Il vise à soutenir des projets innovants, créateurs d’emplois directs ou indirects en milieu rural, ou favorisant le lien social. Par exemple : valoriser les produits agricoles locaux avec des circuits courts de commercialisation, notamment pour alimenter les cantines scolaires ; développer le tourisme local par la création de gîtes ruraux ou de bases de loisirs ; favoriser l’installation de jeunes maraîchers ; encourager les services à la personne… Il s’agit de projets collectifs souvent modestes, de quelques millions d’euros sur des bassins de population de 10 000 à 20 000 habitants. Près de 400 pôles sont ainsi en cours de labellisation.

Le développement résidentiel a incontestablement relancé l’économie des campagnes françaises. Mais la majorité des nouveaux habitants du rural, lorsqu’ils sont actifs, continuent à travailler en ville. Ce modèle de "vivre à la fois la ville où l’on travaille et la campagne où l’on réside" pourrait néanmoins être fragilisé dans l’avenir.

 Pour aller plus loin : découvrir la l’investissement dans un groupement forestier.