A vos calculettes !

(mardi 29 mai 2012)

La semaine boursière reste difficile. Si l’indice CAC 40, jeudi après-midi, se maintient au-dessus des 3 000 points, l’euro connaît un accès de faiblesse vis-à-vis du dollar. Depuis le 27 avril, la devise commune a perdu plus de 5 % face au billet vert.
Les rendements obligataires traduisent la recherche éperdue des investisseurs vers des placements sûrs.
Prenons un exemple, la semaine dernière, je vous indiquais que les taux allemands à 10 ans étaient descendus en dessous de 1,40 %, niveau de rémunération inconnu pour l’Allemagne. Cette semaine, ce pays s’est offert le luxe de proposer une obligation à 2 ans offrant un taux facial de 0 %. On connaissait les obligations zéro coupon, dont le rendement était calculé à partir du différentiel entre le prix à l’émission et celui du remboursement, mais une obligation offrant un taux de 0 %, il s’agit d’une première. Il faut tempérer cette remarque en précisant que les titres allemands de même durée offraient, avant l’émission, un taux de 0,075 %. Le nouvel emprunt a une petite décote permettant de dégager une performance analogue sans verser d’intérêts.
La réunion préparatoire au sommet européen des 27 et 28 juin n’a pas abouti à des pistes concrètes. On reste donc sur des hypothèses de travail. Les investisseurs ont été inquiets quand ils ont appris que le comité de préparation de l’Eurogroupe avait demandé aux gouvernements de la zone euro de préparer chacun de leur côté un plan d’urgence dans l’éventualité d’un abandon de l’euro par la Grèce.
Les économistes de Natixis se sont livrés à ce périlleux exercice. Ils ont fait l’hypothèse que la drachme dévaluerait de 50 % à 60 %. Le pays subirait une récession d’environ 15 % du PIB, alors que le niveau d’activité en Grèce a déjà chuté de près de 20 % depuis la crise. Dans ce cadre, la perte pour l’ensemble de la zone euro pourrait être estimée entre 150 Mds € et 300 Mds €, dont 50 Mds € pour la France. Ce sont principalement les entités publiques qui supporteraient cette charge, les banques privées ne détenant plus que 62 Mds €.
Autres calculs : peut-on chiffrer les composantes possibles du « volet croissance » qui viendraient compléter le pacte de stabilité ? À nouveau, l’exercice est périlleux, car il suppose de connaître précisément le contenu de ce plan. Si on se base sur les hypothèses de travail des experts qui intègrent 60 Mds € en provenance de la BEI (Banque européenne d’investissement) qui bénéficierait d’une augmentation de capital de 10 Mds €, si on ajoute 50 Mds de fonds structurels débloqués, si on affecte tout ou partie de la taxe sur les transactions financières, toujours pas votée par l’ensemble des pays européens, on aboutirait à un montant total proche de 200 Mds €. Pour mémoire, le PIB européen atteint 10 000 Mds €.

Henri THIMEL
Analyste des Marchés - Natixis Asset Management