small Personne ne veut que la Grèce sorte de l’euro, mais tout le monde y pense. (publié le 22/05/12)

small Blocage en Grèce, ouverture en Europe ? (publié le 15/05/12)

small Malgré les bons résultats des entreprises, l’environnement économique inquiète les investisseurs et la BCE reste en mode « wait-and-see ». (publié le 09/05/12)


Personne ne veut que la Grèce sorte de l’euro, mais tout le monde y pense.

(22 mai 2012)

« Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. » A. de Lamartine (L’Isolement) ne faisait certes par référence aux déambulations chaotiques de la zone euro. Mais au lendemain d’un G8 peu concret, mais plein de bonne volonté, sur la nécessité de retrouver plus de croissance, chacun se prépare à ce qui paraît être l’inéluctable. Si les résultats des deuxièmes législatives grecques, le 17 juin, confirment le rejet de la poursuite de l’austérité dans ce pays, alors l’hypothèse d’une sortie de la Grèce de la zone euro devient de plus en plus probable. Les Grecs ne le souhaitent pas, mais s’y préparent.
Selon le journal Le Monde, depuis le déclenchement de la crise, fin 2009, le niveau des dépôts dans les banques locales a baissé de 72 Mds € (1/3 du total). Cela représente une moyenne de retrait de 2,5 Mds par mois.
En fait, quel scénario doit-on envisager dans ce cadre ? L’Union européenne et le FMI, constatant l’arrêt du programme de réduction des dépenses publiques, vont suspendre leurs versements au pays, provoquant assez rapidement un défaut de paiement. Ce défaut provoquerait un retour à la drachme, avec une très forte dévaluation de cette monnaie vis-à-vis de la monnaie unique.
Comment évaluer la suite de ces événements ? En Grèce, une phase d’austérité et de forte inflation interviendrait dans un premier temps : en effet, les importations représentent un quart du PIB avec des produits non substituables immédiatement.
Au sein de la zone euro, les investisseurs redoutent une contagion de la crise à l’Espagne, voire l’Italie, même si ce dernier pays bénéficiera d’un quasi-équilibre budgétaire fin 2012, avant paiement des intérêts de la dette. Le retour à la drachme serait également coûteux pour la zone euro. Selon une étude de Natixis, la Banque centrale européenne détiendrait 45 Mds € de dette grecque, les banques étrangères 62 Mds €. En France, le Crédit Agricole paraît être la banque la plus engagée sur ce pays.
Avec un tel environnement, les marchés financiers ont souffert. L’euro est passé de 1,29 $ à 1,27 $, l’indice CAC 40 a perdu 3,89 %, descendant provisoirement en dessous des 3 000 points. Les valeurs allemandes (DAX 30) ont chuté de 4,69 % et le marché américain a perdu 3,52 % (Dow Jones), en dépit de bonnes statistiques sur la production industrielle en avril. Des rumeurs d’une intervention imminente de la BCE pour soutenir les emprunts espagnols n’ont pas suffi : les rendements à 10 ans de ce pays, à 6,29 %, se rapprochent de la barrière des 6,50 %. À l’inverse, le taux à 10 ans allemand a battu un record historique de baisse, passant brièvement en dessous des 1,40 %.

Henri THIMEL
Analyste des Marchés - Natixis Asset Management

 

Blocage en Grèce, ouverture en Europe ?

(15 mai 2012)

La Grèce
Le résultat des élections grecques le laissait prévoir : malgré plusieurs tractations, il a été impossible de trouver une coalition qui accepte de poursuivre le programme de rigueur imposé par l’Union européenne.
On s’achemine probablement vers de nouvelles élections, peut-être le 17 juin, avec l’espoir qu’une nouvelle majorité se dégage. Dans le cas contraire, l’hypothèse d’une sortie de la Grèce de la zone euro se renforce considérablement, malgré les difficultés techniques que cette solution fait apparaître.
La position allemande, en plein contexte d’élections régionales, reste inflexible sur tout relâchement de politique économique. En déclarant : « Une croissance à crédit nous ramènerait au début de la crise. Nous ne le voulons pas, nous ne le ferons pas. », A. Merkel fixe les limites de toute négociation.
Le système bancaire
Comme si cela ne suffisait pas, deux autres nouvelles sont venues assombrir le ciel boursier. En Espagne, la dégradation du système bancaire a conduit les autorités à nationaliser partiellement Bankia, entité récente issue du regroupement de certaines Caisses d’Epargne et quatrième banque cotée du pays. Ce secteur est particulièrement touché par la crise immobilière et s’est vu imposer la constitution de nouvelles provisions, à hauteur de 30 Mds €, au titre des engagements pris durant les années fastes.
À New York, J.P. Morgan Chase a annoncé une perte de 2 Mds $ environ sur des dérivés de crédit. Les investisseurs ont réagi promptement en vendant le titre, ce qui a fait chuter le cours de 7 %. Cette banque s’était distinguée en luttant farouchement contre un excès de régulation. Les partisans de cette thèse viennent de perdre un appui important.
Les marchés financiers
Septième semaine de baisse en deux mois. En perdant 1,02 %, l’indice CAC 40 (3 129,77) est repassé sous son niveau de clôture de fin 2011 (3 159,81). Les marchés japonais (- 4,55 %) et américain (- 1,67 %) ont chuté également. La place boursière allemande fait figure d’exception avec un modeste gain de 0,28 %.
Mais ce sont surtout les marchés obligataires qui se sont fait remarquer. Le rendement de l’emprunt d’État français à 10 ans à perdu 3 pb à 2,80 % et, surtout, son homologue allemand est passé pour la première fois sous les 1,50 % en séance.
Le calendrier des prochains jours s’annonce chargé : 14-15 mai, réunion des ministres des finances européens ; 15 mai, rencontre A. Merkel et F. Hollande ; 18-19 mai, G8 aux États-Unis ; 23 mai, sommet européen et 31 mai, référendum en Irlande. Autant de sommets, autant de chances d’ouverture ? 

Henri THIMEL
Analyste des Marchés - Natixis Asset Management

 

Malgré les bons résultats des entreprises, l’environnement économique inquiète les investisseurs et la BCE reste en mode « wait-and-see ».

(09 mai 2012)

Les résultats trimestriels des entreprises
Les résultats européens ont débuté sous de bons auspices. À la fin avril, 65 % des entreprises de l’Euro Stoxx ont publié des résultats en hausse de 5,86 % en moyenne.
Aux États-Unis, le bilan est encore plus flatteur avec des progressions de 9 % en moyenne des profits.
Ces bons chiffres n’ont pas été suffisants pour enrayer la baisse des places boursières. L’indice CAC 40 a perdu 3,19 %, les valeurs allemandes ont chuté de 3,53 % et le Dow Jones a reculé de 1,44 %.
L’environnement économique
Les créations d’emplois pour avril aux États-Unis se sont élevées à 115 000 postes contre 160 000 attendus. Certes, les chiffres de février et mars ont été revus à la hausse et le taux de chômage recule de 0,1 point à 8,1 % – plus bas depuis janvier 2009. Mais le rythme de créations d’emploi ralentit clairement et les indices actions nord-américains ont marqué le coup.
En Allemagne, on perçoit aussi un ralentissement de la croissance. En avril, ce pays a enregistré 19 000 nouveaux demandeurs d’emploi. L’’indice des directeurs d’achat des entreprises a aussi reculé. Avec décalage, nos voisins Allemands subissent la contraction de l’activité en zone euro. 40 % de leurs exportations sont orientés vers cette zone géographique.
Dans ce contexte, la Banque centrale européenne n’a pas tenu des propos susceptibles de renforcer le moral des investisseurs. Selon elle, les derniers indicateurs soulignent que l’incertitude prédomine, même si l’hypothèse d’un redressement de l’activité en cours d’année reste d’actualité. Les taux directeurs n’ont pas bougé – à 1 % depuis le 8 décembre dernier. En ce qui concerne le pacte de croissance, le Président de la BCE a rejoint le point de vue de la Chancelière allemande en demandant à ce qu’il soit basé sur des réformes  structurelles, en particulier sur le marché du travail qui doit être plus flexible.
Résultats des élections
Trois élections se déroulaient ce week-end. Toutes ont révélé une insatisfaction des électeurs. En Allemagne, la coalition a de nouveau enregistré un échec lors d’une élection régionale. En France, le parti socialiste a remporté les élections et souhaite ajouter des éléments de croissance aux plans de rigueur actuels. En Grèce, les partis soutenant les plans de rigueur, le Pasok (socialiste) et la Nouvelle Démocratie (droite) n’ont obtenu que 149 sièges sur 300. Les cinq partis contre l’austérité emportent 151 sièges.

Henri THIMEL
Analyste des Marchés - Natixis Asset Management