Le 12 juin 2012

Le rendement a-t-il un "coût" ?

Le rêve de tout épargnant serait, naturellement, de trouver un placement conciliant rendement élevé et absence de risque. Pourtant, la performance a un "coût", qui est justement le risque, à l’image des opportunités de plus-values que peuvent offrir les actions en contrepartie d’une certaine prise de risque. Le comprendre permet d’apprivoiser ses craintes et de profiter de gains potentiels plus importants.


 

En 1999, le marché français des actions, représenté par le CAC 40, gagne plus de 51 %. En 2008, il perd près de 43 %. De son côté, le taux du livret A évolue de 3 à 2,25 % en 1999 et de 3 à 4 % en 2008. Des amplitudes de variation − ou volatilité – très différentes. Dans un cas, vous pouvez aussi bien gagner que perdre beaucoup. Dans l’autre, le rendement évolue dans une fourchette étroite : il est certain mais modeste. Le graphique ci-dessous illustre, sur une durée de 30 ans, cette relation entre volatilité et performance. Il montre aussi que les marchés d’actions sont parmi les meilleures sources de gains à long terme, en contrepartie d’une certaine prise de risque.

De quels risques parlons-nous ?
Le premier aléa d’un placement est lié au niveau de son rendement, à savoir le fait d’accepter de ne pas connaître par avance le niveau du gain. Une deuxième incertitude peut tenir à sa liquidité et à sa disponibilité : pourra-t-on de façon certaine le revendre à tout moment, l’argent placé reste-t-il disponible ? Enfin, se pose la question du risque sur la valeur du capital, c'est-à-dire de ne pas récupérer la totalité de la somme investie. Pour reprendre nos deux exemples, si les actions présentent un risque important sur la valeur du capital et sur le niveau de rendement, le livret A ne fait courir, lui, aucun risque sur le premier et un faible aléa sur le deuxième. Les deux offrent une grande liquidité, puisqu’on peut à tout moment revendre des actions ou retirer de l’argent sur un livret.


Pas de rendement sans risque
« Il n’y a pas d’opportunités de gains importants sans prise de risque », explique Emmanuel Bourdeix, Directeur Gestions Actions, Allocation et Structurée chez Natixis Asset Management. En effet, l’épargnant qui accepte le risque veut en être récompensé par un gain supérieur à un produit sans risque : c’est ce que l’on appelle la prime de risque.
On a ainsi pu mesurer statistiquement que la différence de rendement annuel moyen des actions par rapport aux obligations d’Etat − jugées sans risque − est de l’ordre de 4 à 6 % en moyenne, ce qui correspond donc à la prime de risque. Mais le risque ne garantit pas toujours la performance. Les épargnants ont pu le constater lors des trois crises majeures qui ont secoué les marchés financiers depuis 2000, avec l’impression de ne pas avoir été récompensés du risque qu’ils avaient pris. « Leur appétit pour le risque a été mis à mal durablement, estime Emmanuel Bourdeix. Ceux qui ont investi en Bourse ne croient plus à la théorie financière classique selon laquelle le rendement est proportionnel au risque pris ».

Un lien risque/rendement mis à mal en cas de crise
Cela tient notamment au fait que la prime de risque n’est pas une donnée constante dans le temps. Il arrive qu’elle diminue fortement et même qu’elle devienne nulle lorsque les investisseurs agissent comme si les actifs concernés ne présentaient pas de risque. C’est le cas par exemple lorsqu’advient une bulle spéculative sur le marché des actions : les cours ne cessant de monter et laissant croire qu’ils monteront sans fin, les investisseurs sont persuadés qu’ils ne peuvent que gagner et sont prêts à payer très cher – trop cher − les titres en oubliant le risque, ce qui alimente à son tour la hausse des cours. Inversement, à ces moments d’euphorie succède souvent une période de pessimisme et de grande prudence où les produits risqués n’attirent plus personne : les primes de risque peuvent alors atteindre des niveaux très élevés. Le risque est bien rémunéré et le moment est donc opportun de retourner sur le marché. « C’est sans doute le cas aujourd’hui, où beaucoup d’actions sont sous-valorisées et méritent qu’on s’y intéresse », conseille Emmanuel Bourdeix.
La théorie selon laquelle la rentabilité d’un placement est étroitement liée au risque n’est donc pas infondée. Il faut seulement comprendre qu’elle peut connaître des accidents et savoir analyser les événements. Ce qui peut permettre de "maîtriser" le risque.

Comment "maîtriser" le risque ?
Les moyens les plus efficaces pour parvenir à "maîtriser" le risque financier des actifs les plus volatils sont :
- une démarche rationnelle dans le choix des actifs (pour éviter les erreurs les plus flagrantes),
- une surveillance continue (pour arbitrer à chaque évolution du contexte),
- une diversification des actifs sélectionnés (pour éviter que la totalité du placement ne soit victime d’un même événement),
- un respect de la durée d’investissement préalablement définie (pour lutter contre la tentation de ventes précipitées en cas de baisse temporaire).
L’épargnant qui ne dispose ni des connaissances, ni de l’expérience, ni du temps requis pour assurer cette maîtrise du risque, sur le marché boursier en particulier, a alors tout intérêt à s’appuyer sur les compétences des professionnels, via des sociétés de gestion d’actifs. En effet, « nous construisons et gérons au quotidien des fonds qui peuvent répondre aux objectifs de chacun », explique Emmanuel Bourdeix. Le choix de ces fonds et du degré de délégation de leur gestion se fera, préalablement, avec votre chargé d’affaires Gestion Privée.

Etre accompagné pour dépasser ses craintes
Ce dernier évaluera d’abord, avec vous, votre degré d’aversion au risque : un même niveau de risque peut en effet sembler minime à l’un et insurmontable à l’autre. Il s’agira donc de fixer objectivement la limite à ne pas franchir pour préserver votre patrimoine mais également d’évaluer, sur des critères plus subjectifs, votre capacité à accepter les pertes.
« Sachez aussi, rappelle Emmanuel Bourdeix, que le choix des produits doit tenir compte non seulement du risque qui leur est attaché mais aussi de l’horizon de placement ». Ainsi, il n’est pas conseillé d’investir sur les marchés d’actions pour une courte période, avec une date de sortie fixée à l’avance. Inversement, en plaçant à long terme tout son argent sur un livret A, on se prive souvent d’un gain bien plus élevé.