Le 21 mai 2012

La photographie d’art ne connaît pas la crise

Malgré des prix qui s’envolent, le marché de la photographie d’art reste abordable. Un investissement fiscalement intéressant et une valeur refuge en période de crise. Mode d’emploi de ce placement plaisir.

6 millions d’euros en deux jours : c’est le montant total de la vente aux enchères de photographies réalisée par Christie’s en novembre dernier. Une somme impressionnante qui donne une idée du succès grandissant de la photographie d’art. Aujourd’hui, pas moins de 80 ventes aux enchères sont organisées chaque année en Europe. Dans le monde, environ mille galeries exposent des photos et tous les musées d’art moderne possèdent des collections. Pourquoi ce succès ? « On vit de plus en plus dans un univers d’images, explique Viviane Esders, expert conseil en photographie. La photo est à la mode. » En témoigne la réussite du salon Paris Photo qui a attiré, en novembre dernier, plus de 50 000 visiteurs au Grand Palais. « C’est un média attractif, à un prix raisonnable. On peut se faire plaisir avec 1 000 euros alors que la peinture est devenue inaccessible » ajoute Viviane Esders. Ce marché, qui se développe depuis une quarantaine d’années, est une valeur refuge en période de crise financière. Conséquence : les prix grimpent régulièrement de 10 % par an.
Au même titre que l’art contemporain, la photographie est donc devenue un placement. Elle fait partie des œuvres d’art qui bénéficient en France d’une fiscalité spécifique : exonération d’ISF (impôt de solidarité sur la fortune) et taxation avantageuse des plus-values*.

Comment se lancer sur ce marché et faire les bons choix ?
Des règles officielles d’estimation ont été établies :
- Le tirage doit être de bonne qualité.
- Pour les artistes contemporains (depuis 1991), l’œuvre doit être limitée à 30 tirages numérotés pour être considérée comme "originale". Pour les auteurs plus anciens, le tirage le plus rare est dit "vintage", c’est-à-dire exécuté par l’auteur son époque. Vient ensuite le retirage à partir du négatif original. C’est le papier qui permet à l’expert de déterminer la date et donc le prix. Sa valeur dépend avant tout de sa rareté : plus il est ancien, plus il est rare, plus il est cher.
- La créativité de l’auteur. « Il doit apporter un regard nouveau dans l’histoire de la photo, avoir une démarche inédite dans le milieu de l’art. Il faut savoir replacer le travail de l’artiste dans le contexte de son époque » souligne Viviane Esders. Par ailleurs, celui-ci doit être reconnu, exposé dans des galeries, être le sujet d’ouvrages de référence.

Pour l’investisseur qui souhaite constituer une collection, il est donc important de se familiariser avec le marché. Surtout, il est impératif d’être conseillé par des experts et d’acheter dans une galerie ou une vente aux enchères afin de bénéficier des meilleures garanties. 

(1) * Si le prix de cession est supérieur à 5 000 euros, il supporte une taxe de 4,5 %, sauf option pour le régime des plus-values sur biens meubles. Dans ce cas, la plus-value réalisée est soumise à l’impôt sur le revenu au taux de 19 % (32,5 % prélèvements sociaux inclus), après application d’un abattement de 10 % par année de détention au-delà de 2 ans. Aucun impôt n'est donc dû après 12 ans, si le vendeur peut prouver la date d'acquisition du bien (au moyen d'une facture d'achat).